J’ai suivi, avec
un air de déjà vu, le feuilleton Lamothe qui se développe depuis quelques
semaines. A chaque élection, des candidats sont écartés pour divers raisons ;
parfois, l’une plus louable que l’autre. Très souvent, les écartés proclament
qu’un certain parti pris serait la source de leur mise à l’écart. Pour les échéances électorales présentes, il
est malheureusement difficile de voir la main du pouvoir en place dans le
processus. Il est à souligner que la femme du président elle-même a été écartée
de la course électorale pour des raisons légales donc que Lamothe (l’ex premier ministre qui
proclamait il y a peu sa grande amitié avec le chef de l’exécutif) soit écarté
sur des bases similaires ne devrait pas surprendre.
Le motif pour l’écart
de Lamothe est clair ; l’ancien premier ministre et ministre de la
planification n’a pas eu décharge de sa gestion. Les lois de la république sont limpides ; si vous n’avez pas de décharge, vous ne pouvez pas participer
aux élections. Il n’y a là aucune injustice à l’encontre de Lamothe.
Le vrai problème réside
dans le quasi impossibilité d’obtenir décharge quand le parlement (qui est une
institution incontournable dans ce processus) ne contient plus que 10 élus. La
faute réside en partie (je dis bien en partie) sur les épaules du régime
Lamothe-Martelly qui n’a pas su renouveler cette institution. Nos hommes d’état oublient souvent, quand ils
sont à l’apogée de leur pouvoir, que les institutions de la république
demeurent incontournables dans le fonctionnement de la démocratie. Aujourd’hui,
Lamothe en paie le prix.
La grande question
reste : « que faire alors ? ». Lamothe avec une
arrogance a pointé que le président
pourrait résoudre le problème de décharge (pour tout le monde) par un décret
sur la question. Martelly qui semble vouloir couler ses derniers jours présidentiels a bien entendu refuser de s’immiscer dans les décisions électorales ;
une décision sage quand toute intervention sur la question serait perçu comme
un parti pris (pour ses anciens ministres).
Je dois pointer
qu’il existe bel et bien une injustice dans le processus électoral. Lamothe a posé
la bonne question : pourquoi m’écarter pour défaut de décharge et accepter
d’autres postulants coupables de la même accusation ? Il y a une injustice
condamnable mais pas envers Lamothe. La grande victime est « les lois de
la république » car comme je l’ai mentionné plus haut, autoriser un
individu à participer aux joutes électorales sans decharge est une violation de la loi. Donc
tous ceux qui n’ont pas de décharge devraient être écartés au nom de la loi.
Il faut ici nuancer que le BCED n’a pas donné
feu vert aux autres coupables mais laissé le soin au BCEN de statuer sur leurs cas ;
il y a une partialité car on aurait pu faire de même pour Lamothe. Et là
encore, n’oublions pas que la cour supérieure des comptes a statué défavorablement
sur la gestion de Lamothe. Ce dernier l’a reconnu sous réserve que le
montant avancé est supérieur à la réalité. Il n’en demeure pas
moins qu’il revient aux institutions du pays de statuer sur le cas et non à l’ex
premier ministre de se constituer en juge et partie.
Les écartés pour défaut
de décharge ont le choix .Aujourd’hui, ils doivent mener la lutte qu’ils
ont oublié pendant leur 15 minutes au pouvoir ; en attendant 2020, je leur conseille
humblement de mener la lutte POUR LE RESPECT ET LE RENFORCEMENT DES
INSTITUTIONS DE NOTRE DEMOCRATIE. Car sans le bon fonctionnement de ces
institutions, nous sommes tous appellés à payer le prix car les lois doivent être
respectées à la lettre.
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