Thursday, June 11, 2015

Pourquoi l’écart de Lamothe n’est pas le vrai problème.



J’ai suivi, avec un air de déjà vu, le feuilleton Lamothe qui se développe depuis quelques semaines. A chaque élection, des candidats sont écartés pour divers raisons ; parfois, l’une plus louable que l’autre. Très souvent, les écartés proclament qu’un certain parti pris serait la source de leur mise à l’écart.  Pour les échéances électorales présentes, il est malheureusement difficile de voir la main du pouvoir en place dans le processus. Il est à souligner que la femme du président elle-même a été écartée de la course électorale pour des raisons légales donc  que Lamothe (l’ex premier ministre qui proclamait il y a peu sa grande amitié avec le chef de l’exécutif) soit écarté sur des bases similaires ne devrait pas surprendre.

Le motif pour l’écart de Lamothe est clair ; l’ancien premier ministre et ministre de la planification n’a pas eu décharge de sa gestion. Les lois de la république sont limpides ; si vous n’avez pas de décharge, vous ne pouvez pas participer aux élections. Il n’y a là aucune injustice à l’encontre de Lamothe.

Le vrai problème réside dans le quasi impossibilité d’obtenir décharge quand le parlement (qui est une institution incontournable dans ce processus) ne contient plus que 10 élus. La faute réside en partie (je dis bien en partie) sur les épaules du régime Lamothe-Martelly qui n’a pas su renouveler cette institution.  Nos hommes d’état oublient souvent, quand ils sont à l’apogée de leur pouvoir, que les institutions de la république demeurent incontournables dans le fonctionnement de la démocratie. Aujourd’hui, Lamothe en paie le prix.

La grande question reste : «  que faire alors ? ». Lamothe avec une arrogance  a pointé que le président pourrait résoudre le problème de décharge (pour tout le monde) par un décret sur la question. Martelly qui semble vouloir couler ses derniers jours présidentiels a bien entendu refuser de s’immiscer dans les décisions électorales ; une décision sage quand toute intervention sur la question serait perçu comme un parti pris (pour ses anciens ministres).

Je dois pointer qu’il existe bel et bien une injustice dans le processus électoral. Lamothe a posé la bonne question : pourquoi m’écarter pour défaut de décharge et accepter d’autres postulants coupables de la même accusation ? Il y a une injustice condamnable mais pas envers Lamothe. La grande victime est « les lois de la république » car comme je l’ai mentionné plus haut, autoriser un individu à participer aux joutes électorales sans decharge est une violation de la loi. Donc tous ceux qui n’ont pas de décharge devraient être écartés au nom de la loi.  

 Il faut ici nuancer que le BCED n’a pas donné feu vert aux autres coupables mais laissé le soin au BCEN de statuer sur leurs cas ; il y a une partialité car on aurait pu faire de même pour Lamothe. Et là encore, n’oublions pas que la cour supérieure des comptes a statué défavorablement sur la gestion de Lamothe. Ce dernier l’a reconnu sous réserve que le montant avancé est supérieur à la réalité. Il n’en demeure pas moins qu’il revient aux institutions du pays de statuer sur le cas et non à l’ex premier ministre de se constituer en juge et partie.


Les écartés pour défaut de décharge ont le choix .Aujourd’hui, ils doivent mener la lutte qu’ils ont oublié  pendant leur 15 minutes au pouvoir ;  en attendant 2020, je leur conseille humblement de mener la lutte POUR LE RESPECT ET LE RENFORCEMENT DES INSTITUTIONS DE NOTRE DEMOCRATIE. Car sans le bon fonctionnement de ces institutions, nous sommes tous appellés à payer le prix car les lois doivent être respectées à la lettre.

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