J’écris ces mots avec une pointe de tristesse ayant appris
cet après midi que, sous le leadership du président Haïtien Michel Martelly, la
CARICOM a adopté le français comme sa seconde langue officielle. Pendant ces
derniers mois, j’ai regardé les attaques contre le gouvernement
Martelly/Lamothe pleuvoir, très souvent a tort, de tous les cotes ; les
programmes sociaux Ede Pep, l’éducation gratuite, les voyages a l’étranger, le
carnaval, les attitudes du gouvernement par rapport a la presse, tout est prétexte,
ou raison, a critique. Une chose est claire, en tant qu’Haïtiens, nous ne
pouvons pas toujours nous mettre d’accord sur tout et les façons de faire d’un
gouvernement peuvent susciter des réactions allant de la plus grande
approbation à des condamnations extrêmes.
Toutefois, il y a certains principes
sur lesquels tous les Haïtiens devraient être d’accord ; l’un d’entre eux
demeure que le premier devoir de tout gouvernement Haïtien est de promouvoir par-dessus
tous les intérêts de la nation haïtienne. Ainsi je me demande en quoi
promouvoir le français comme seconde langue de la CARICOM promeut les intérêts
de ce peuple que le gouvernement Martelly/Lamothe affirme porter dans ses préoccupations.
Il est important de mentionner que la langue maternelle de la quasi totalité
des Haïtiens reste et demeure le créole et que le français, langue officielle,
s’apprend a l’école comme toute langue étrangère et n’est pas maîtrisé par plus
de 4/5 de la population. Encore une fois, qu’est’ ce que notre président essaie
d’accomplir ?
Promouvoir le Français
en Haïti, un anachronisme.
La présence de la langue française en Haïti est avant tout un accident
de l’histoire. Nous avons obtenue notre indépendance de la France donc nous avons
garde les vestiges linguistiques de notre colonisation ; nos élites ont
garde cette langue car elle ouvrait tout un monde a nous, c’est compréhensible.
Mais le français a-t-il encore sa place dans notre histoire ? Bien sûr, la
langue de Voltaire est d’une grande richesse et nous donne accès a des
ressources que le créole n’a pas.
Mais l’anglais et l’espagnol aussi nous
donnerons aussi accès à d’autres ressources ; de plus le progrès économique
de notre nation dépend probablement bien plus de ces deux langues que du français.
Et c’est la que se trouve le problème ; le président Martelly oublie qu’une
langue est aussi un outil économique. Nos deux partenaires commerciaux les plus
importants sont les États-Unis et la République Domicaine et qu’Haïti se trouve en Amérique, latine.
Promouvoir ces deux langues ouvriraient a notre pays des marchés de plus d’un
milliard d’habitants (Amérique latine et Etats-Unis) alors permettez moi d’affirmer
que le français, dans le contexte actuel semble appartenir au passe.
De retour au
24eme sommet de la CARICOM.
Le même argument économique pour la promotion de l’anglais
et de l’espagnol en Haïti est aussi valable pour le créole. Avoir le créole
comme seconde langue de la CARICOM aurait propulsé notre langue sur un plateau régional
et international ; les autres pays de la CARICOM seraient eux aussi oblige
d’apprendre notre langue car en plus d’être parlé par deux tiers des habitants
de la CARICOM (10 des 15 millions des habitants des états membres parlent le créole ;
Haïti, Sainte-Lucie et la Dominique), elle aurait été institutionnalisé, acquérant
ainsi un statut incontournable dans les caraïbes.
La CARICOM c’est aussi un
marche commun, avec le libre mouvement des biens et des services, la libre
circulation de la main d’œuvre, l’harmonisation des lois, des politiques d’échanges
communs, la libre circulation des individus ; imaginez, tout ceci, en créole
aussi. Ce sont des opportunités immenses qui auraient été a la porté de tous
les haïtiens; pas seulement d'une petite élite. Avec le créole comme langue si
importante, les autres nations de la caraïbes devraient apprendre
notre langue, lire nos bouquins, regarder nos films etc etc.
Les Grands
hommes font l’histoire.
Certains qui liront mes paragraphes précédents diront sans
doute que je me suis enfermé dans un idéal chimérique ; et pour cause, le créole
n’est pas prêt pour les grands projets que je lui propose étant trop pauvre et
trop limité. J’avoue que le créole, ayant été rejeté pendant plus de 200 ans
dans l’ombre du Français, n’a pas atteint son potentiel. Mais je me demande
aussi si en 1803, Haïti était prêt pour son indépendance, si sous le président
Simon Haïti avait toutes les infrastructures pour accueillir l’électricité, si
en 1991 Haïti était prêt pour la démocratie ???? Dans le temps on aurait
pu répondre non a toutes ces questions mais la vérité est que nous avons tenté
ces expériences parce qu’elles étaient nécessaires. Bien sûr le chemin n’a pas été
facile mais nous sommes tenus.
Et si nous avions tenté cette expérience de la
CARICOM avec le créole, ce sont des universitaires que nous aurions mis au
travail, des experts en langue pour qu’ils puissent mettre le créole « a
jour ». Cet élan aurait sans doute prouvé à nous même et au monde que nous
pouvons porter un projet avec nos têtes comme nous l’avons fait avec nos bras
pour ce bois supplanté d’un drapeau. Malheureusement,
notre président a choisi de condamner
notre pays a continuer a subir l’histoire au lieu de l’écrire. Aurons nous
un jour droit à une explication sur les raisons ayant poussé cette décision de
propulser le français sur la scène des caraïbes ? J’en doute et on s’en
fout presque d’ailleurs car nous allons bientôt faire un autre carnaval des
fleurs, et c’est ce qui compte……
Alain Menelas
Wow Alain si tu penses si bien faire cher patriote pourquoi ecris-tu ta critique en Francais????
ReplyDeleteMerci Monsieur Nerette pour le commentaire. Je comprends votre point mais si vous regardez mon blog vous verrez que j’écris en anglais aussi. La raison pour laquelle j’écris dans ces deux langues est que je suis conscient que j’écris pour une élite qui possède des ordinateurs et non pour la grande majorité des Haïtiens qui n'y ont pas accès. Si j'avais écrit cet article en creole, je suis sur que cette elite ne l'aurait sans doute pas lu par mépris intellectuelle pour notre langue maternelle.
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