Tuesday, May 21, 2013

Pourquoi investisseurs et touristes évitent Haïti ; un exemple


                             Pourquoi investisseurs et touristes évitent Haïti ; un exemple


Il y une semaine, j’ai eu une conversation avec une étrangère qui a eu l’occasion de visiter Haïti en 3 ou 4 fois.  Elle m’exposa son sentiment qu’Haïti était souvent victime de discrimination car elle a remarqué, pendant ses visites, qu’Haïti était un pays comme les autres.  Il y a deux semaines, une charte qui circulait sur Facebook suggérait la même conclusion ; qu’Haïti n’était pas le pays le plus violent de la caraïbes. Le Président Martelly, sur son compte twitter, conseillait le 13 mai aux investisseurs de venir en Haïti plutôt qu’ailleurs.

Force est de constater que le pouvoir  en place  a déployé les grands moyens pour essayer d’attirer investisseurs et touristes ; qui ne se souvient pas du slogan « Haïti is open for business », des innombrables tweets du premier ministre comparant le taux de criminalité d’Haïti à celui de Long Beach en Californie, ou encore de la grande croisade anti corruptrice et visiblement éphémère de M.Lamothe  visant, entre autres,  à envoyer des signaux positifs aux potentiels investisseurs.

De plus, les adeptes de Facebook ont aussi raison lorsqu’ils affirment qu’Haïti n’est pas le pays le plus violent de la caraïbes. Les pays avec le plus grand taux de meurtres par 100,000 habitants dans la région sont la Jamaïque, Saint Kitts, Trinidad et Tobago, les Bahamas et Porto-Rico ; et pourtant ces pays reçoivent chaque année bien plus de touristes qu’Haïti.

Une chose est claire, si nous devrions prendre le temps d’énumérer touts les facteurs qui rentrent en jeu dans cette question, on en aurait assez pour écrire un livre. Le manque d’infrastructures, le coût relativement élevé de vacances de qualité en Haïti, le délabrement des transports en commun etc  sont des facteurs que nous pouvons citer mais à mes yeux, les grands facteur restent et demeurent les instabilités politiques et la difficulté de prévoir les réactions haïtiennes.

Nous autres Haïtiens aimons dire qu’Haïti souffre d’un problème de mauvaise presse, d’une mauvaise image mais nous oublions souvent que sommes avant tout les premiers constructeurs de cette mauvaise image. Un tel fait est indéniable lorsque l’on réalise que ce ne sont pas seulement les investisseurs étrangers qui fuient le pays ; la diaspora Haïtienne investit encore à un niveau ridiculement inférieur a son potentiel, d’où l’appel de Martelly à investir en terre natale de préférence. Ces hommes et femmes d’origine Haïtienne connaissent mieux le pays que les étrangers donc il est difficile de prétendre que c’est aussi la mauvaise presse qui les éloigne.

Ainsi j’ai répondu à mon amie que oui Haïti peut être un pays comme les autres pour la plupart du temps…. Jusqu'à ce qu’elle ne l’est plus. Qui ne se souvient pas des innombrables scènes de dechoukages dans la ville des cayes durant les dernières élections ? Je m’en souviens. Je me souviens des partisans de M.Martelly scandant «  si on nous tire dessus on brule tout », je me souviens aussi que le bureau de la DGI, des douanes et un tribunal ont été brules par ces même individus. Je ne prétends pas que le président actuel ait cautionné ces agissements (il ne les a pas formellement condamné non plus) mais il est clair qu’il en a tiré les profits. Il est intéressant de constater que ce même gouvernement qui voudrait rétablir la confiance dans le paysage Haïtien doit en partie son existence à des actes qui n’inspirent pas confiance

Je me souviens aussi d’avoir regardé le ciel nocturne Cayen se transformer  en un brasier à cause des pneus qui brulaient partout.  Je me souviens aussi des magasins qui se sont fait piller à cause de l’instabilité occasionnée par la conjoncture électorale. Je me souviens aussi des familles qui s’empressaient à coller des photos de Martelly sur les murs pour éviter d’être brûlés dans le cas ou madame Mannigat gagnait les élections. Une connaissance a perdu deux maisons, brûlées parce qu’elle les avait louées a un sympathisant d’Inite ; malgré ses efforts l’état ne lui a pas remboursé un seul centime.

J’ai pris la liberté de décrire ici une expérience personnelle mais ces scènes se sont produits pendant plusieurs élections, lors des émeutes de la faim, lors du départ d’Aristide pour ne citer que ceux la. 

Je me demande si quelqu’un qui a travaillé toute sa vie aurait envie de venir investir son argent dans un pays ou à chaque élection tout peux partir en fumée. Qui a envie de passer des vacances dans un pays ou tout peut sauter à n’importe qu’elle moment ?.........Pas grand monde.