Pourquoi investisseurs et touristes évitent
Haïti ; un exemple
Il y une semaine,
j’ai eu une conversation avec une étrangère qui a eu l’occasion de visiter
Haïti en 3 ou 4 fois. Elle m’exposa son
sentiment qu’Haïti était souvent victime de discrimination car elle a remarqué,
pendant ses visites, qu’Haïti était un pays comme les autres. Il y a deux semaines, une charte qui
circulait sur Facebook suggérait la même conclusion ; qu’Haïti n’était pas
le pays le plus violent de la caraïbes. Le Président Martelly, sur son compte
twitter, conseillait le 13 mai aux investisseurs de venir en Haïti plutôt qu’ailleurs.
Force est de
constater que le pouvoir en place a déployé les grands moyens pour essayer d’attirer
investisseurs et touristes ; qui ne se souvient pas du slogan « Haïti
is open for business », des innombrables tweets du premier ministre
comparant le taux de criminalité d’Haïti à celui de Long Beach en Californie,
ou encore de la grande croisade anti corruptrice et visiblement éphémère de
M.Lamothe visant, entre autres, à envoyer des signaux positifs aux potentiels investisseurs.
De plus, les
adeptes de Facebook ont aussi raison lorsqu’ils affirment qu’Haïti n’est pas
le pays le plus violent de la caraïbes. Les pays avec le plus grand taux de
meurtres par 100,000 habitants dans la région sont la Jamaïque, Saint Kitts, Trinidad
et Tobago, les Bahamas et Porto-Rico ; et pourtant ces pays reçoivent chaque
année bien plus de touristes qu’Haïti.
Une chose est
claire, si nous devrions prendre le temps d’énumérer touts les facteurs qui
rentrent en jeu dans cette question, on en aurait assez pour écrire un livre.
Le manque d’infrastructures, le coût relativement élevé de vacances de qualité
en Haïti, le délabrement des transports en commun etc sont des facteurs que nous pouvons citer mais
à mes yeux, les grands facteur restent et demeurent les instabilités politiques
et la difficulté de prévoir les réactions haïtiennes.
Nous autres Haïtiens
aimons dire qu’Haïti souffre d’un problème de mauvaise presse, d’une mauvaise
image mais nous oublions souvent que sommes avant tout les premiers
constructeurs de cette mauvaise image. Un tel fait est indéniable lorsque l’on réalise
que ce ne sont pas seulement les investisseurs étrangers qui fuient le pays ;
la diaspora Haïtienne investit encore à un niveau ridiculement inférieur a son
potentiel, d’où l’appel de Martelly à investir en terre natale de préférence.
Ces hommes et femmes d’origine Haïtienne connaissent mieux le pays que les étrangers
donc il est difficile de prétendre que c’est aussi la mauvaise presse qui les éloigne.
Ainsi j’ai répondu
à mon amie que oui Haïti peut être un pays comme les autres pour la plupart du
temps…. Jusqu'à ce qu’elle ne l’est plus. Qui ne se souvient pas des
innombrables scènes de dechoukages dans la ville des cayes durant les dernières
élections ? Je m’en souviens. Je me souviens des partisans de M.Martelly
scandant « si on nous tire dessus on brule tout », je me souviens
aussi que le bureau de la DGI, des douanes et un tribunal ont été brules par
ces même individus. Je ne prétends pas que le président actuel ait cautionné
ces agissements (il ne les a pas formellement condamné non plus) mais il est
clair qu’il en a tiré les profits. Il est intéressant de constater que ce même
gouvernement qui voudrait rétablir la confiance dans le paysage Haïtien doit en
partie son existence à des actes qui n’inspirent pas confiance
Je me souviens
aussi d’avoir regardé le ciel nocturne Cayen se transformer en un brasier à cause des pneus qui brulaient
partout. Je me souviens aussi des
magasins qui se sont fait piller à cause de l’instabilité occasionnée par la
conjoncture électorale. Je me souviens aussi des familles qui s’empressaient à
coller des photos de Martelly sur les murs pour éviter d’être brûlés dans le
cas ou madame Mannigat gagnait les élections. Une connaissance a perdu deux
maisons, brûlées parce qu’elle les avait louées a un sympathisant d’Inite ;
malgré ses efforts l’état ne lui a pas remboursé un seul centime.
J’ai pris la liberté
de décrire ici une expérience personnelle mais ces scènes se sont produits pendant
plusieurs élections, lors des émeutes de la faim, lors du départ d’Aristide
pour ne citer que ceux la.
Je me demande si
quelqu’un qui a travaillé toute sa vie aurait envie de venir investir son
argent dans un pays ou à chaque élection tout peux partir en fumée. Qui a envie
de passer des vacances dans un pays ou tout peut sauter à n’importe qu’elle
moment ?.........Pas grand monde.